Le mariage chrétien
à l’heure
d’Amoris laetitia
Les repères du Rituel

ÉLÉMENTS POUR ÉTABLIR UNE CHARTE DES ÉQUIPES DE PRÉPARATION AU MARIAGE

Discerner les appels en Église

L’appel d’un couple à rejoindre une équipe de préparation au mariage est le fruit d’une réflexion ecclésiale (au sein de l’équipe pastorale de secteur, équipe d’animation paroissiale ou équipe de préparation au mariage). Sans démesure, ni sous évaluation, il s’agit de prendre au sérieux ce service qui nécessitera une implication tant au niveau de l’accompagnement des futurs mariés, de la formation et de la relecture - en équipe et au sein du couple accompagnateur - de ce que cette mission donne à vivre, pour y accueillir les fruits de l’Esprit.

La posture de l’accompagnateur en préparation au mariage

• L’itinéraire catéchuménal, une source d’inspiration ?

Le pape François appelle de ses vœux la mise en place d’un « vrai catéchuménat pour le sacrement de mariage » ⁽²⁹⁾. De fait, « un sacrement se prépare. Il engage une démarche de la personne, une progression au sein d’une communauté de fidèles déjà initiés, à travers des périodes de recherche et de maturation ». ⁽³⁰⁾ Comme avec les catéchumènes, les futurs mariés plongent dans « un lieu d’apprentissage. Des personnes se laissent conduire et transformer par le chemin d’expérience que l’Église leur offre pour les conduire au mystère chrétien » ⁽³¹⁾.

L’itinéraire catéchuménal peut notamment inspirer la relation privilégiée du catéchumène et de son accompagnant. Ainsi, comme le proposaient déjà les points de repère ⁽³²⁾, on peut envisager de demander à un couple aîné dans la foi de suivre plus particulièrement le couple qui chemine vers le mariage « parce qu’une relation humaine et ecclésiale se créera. Ce sera un compagnonnage d’aide pour le présent et peut-être le futur ». ⁽³³⁾

S’engager (de près ou de loin) dans la préparation au mariage est à comprendre comme un accueil inconditionnel de ceux qui viennent demander le mariage. Accueillir et non pas juger, car c’est ensemble que nous formons l’Église et nous sommes tous, quelles que soient nos familles, des mendiants de la grâce. La vie de ces couples, même s’ils nous paraissent quelquefois éloignés, nous concerne et peut être pour nous un chemin de conversion. Il est important de les rejoindre dans leur lieu de vie.

Le modèle catéchuménal n’est donc pas applicable tel quel à la préparation au mariage mais il donne quelques bons repères pour un accompagnement personnalisé et respectueux des personnes.

À partir de l’exhortation Amoris Laetitia, proposer une pastorale du lien

Accompagner, discerner et intégrer : trois verbes qui correspondent bien à la mission des équipes de préparation au mariage.

• 1. Accompagner sans ignorer la « sensibilité actuelle des jeunes » (AL 211). Pour bien adapter cet accompagnement, le pape François insiste sur la formation, et notamment des « agents laïcs de la pastorale familiale » (AL 203 et 204). On peut imaginer un parcours de formation pour les équipes de préparation au mariage intégrant plusieurs aspects : l’écoute, la relecture de vie, la lecture de Bible (et lectio divina), la communication dans le couple, la vie affective et sexuelle, la théologie du mariage, la liturgie, la sociologie conjugale etc. Compte tenu de la réalité des couples, le mariage ne doit pas être présenté comme un idéal mais comme un chemin de croissance. « Cela exige de toute l’Église « une conversion missionnaire […] : il est nécessaire de ne pas s’en tenir à une annonce purement théorique et détachée des problèmes réels des gens » (Relatio Synodi 2014, n°32). (AL 201) Ou « Il ne s’agit pas de leur exposer tout le Catéchisme ni de les saturer avec trop de thèmes […] La qualité importe plus que la quantité, et il faut donner priorité - en même temps qu’à une annonce renouvelée du kérygme* à ces contenus qui, communiqués de manière attractive et cordiale, les aident à s’engager « de tout cœur et généreusement dans un parcours qui durera toute la vie.» (AL 207)
  Les couples peuvent aussi « faire part des moyens pratiques qui leur ont été utiles : la programmation des moments pour être ensemble gratuitement, les diverses manières de célébrer les choses importantes, les espaces de spiritualité partagée. Mais ils peuvent également faire part des moyens qui aident à donner un contenu et un sens à ces moments, pour apprendre à mieux communiquer entre eux. » (AL 225)

• 2. Discerner
  « Aussi bien la préparation immédiate que l’accompagnement plus prolongé doivent assurer que les fiancés ne voient pas le mariage comme la fin du parcours, mais qu’ils assument le mariage comme une vocation qui les lance vers l’avant, avec la décision ferme et réaliste de traverser ensemble toutes les épreuves et les moments difficiles. » (AL211) Pour cela, on proposera « des parcours pratiques, des conseils bien concrets, des tactiques issues de l’expérience, des orientations psychologiques » (AL 211) en insistant sur la valeur du témoignage « des mariages qui non seulement ont perduré dans le temps, mais qui continuent aussi à soutenir un projet commun et conservent l’amour » (AL 38), « en privilégiant le témoignage des familles elles-mêmes, (…) et soulignant le lien du mariage avec le baptême et les autres sacrements. » (AL 206) Enfin, l’ancrage dans la parole de Dieu est essentiel tant avec les futurs mariés qu’en équipe de préparation au mariage.

• 3. Intégrer la communauté ecclésiale
  Pendant la préparation, il faudrait développer des liens avec d’autres chrétiens, au-delà de l’équipe de préparation au mariage car comme le dit le pape « la situation sociale complexe et les défis auxquels la famille est appelée à faire face exigent de toute la communauté chrétienne davantage d’efforts pour s’engager dans la préparation au mariage des futurs époux » (AL 206). Cela invite à mobiliser les ressources de la paroisse (couples expérimentés), associations, mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles (AL 223). « On apprécie que l’Église offre des espaces d’accompagnement et d’assistance pour les questions liées à la croissance de l’amour, la résolution des conflits » (AL 38).
  
  Les couples peuvent trouver dans la vie et la foi de l’Église des ressources pour réaliser ou adapter leurs projets « Les Pères synodaux ont signalé que « les premières années de mariage sont une période vitale et délicate durant laquelle les couples prennent davantage conscience des défis et de la signification du mariage. D’où l’exigence d’un accompagnement pastoral qui se poursuive après la célébration du sacrement. » (AL 223) Intégrer, c’est aussi pour les communautés chrétiennes « reconnaître qu’accompagner le cheminement d’amour des fiancés est un bien pour elles-mêmes. » (AL 207)

Une mission d’Église

Accepter d’accompagner des couples vers le mariage chrétien est une mission essentielle de la pastorale familiale. Afin de manifester cela, il serait bon que les couples nouvellement appelés reçoivent lors d’une célébration (une messe dominicale) une lettre de mission signée par exemple du curé et en présence de l’équipe diocésaine de la pastorale du mariage. Une première manière de tisser des liens et de présenter les ressources qui seront à disposition.

Le Rituel

Selon les préliminaires (Rituel n°28), « la célébration présente un caractère communautaire qui recommande la participation même de la communauté paroissiale, au moins quelques-uns de ses membres ».

Comme il est difficile que toute la communauté locale soit témoin du mariage chrétien de deux de ses membres, il faut élargir l’assemblée liturgique à ceux qui pourraient continuer un accompagnement fraternel comme les couples accompagnateurs qui ont participé à la préparation au mariage ou ceux dont ce serait la mission spécifique (par exemple représentant un mouvement conjugal).

À l’instar de ce que préconise Mgr Santier, on peut envisager que ces couples laïcs puissent être visibles dans la liturgie selon le décret D12 ⁽³⁴⁾ : « Je demande aux prêtres de donner une place visible dans la liturgie aux laïcs qui participent à l’exercice de la charge pastorale, en particulier lors des célébrations sacramentelles (baptême, confirmation, mariage, etc.) qu’ils ont contribué à préparer. »

Il y aurait alors beaucoup de sens à prévoir le témoignage d’un couple aîné dans la foi lors des rites d’envoi pour rendre compte du chemin de foi vécu pendant la préparation et proposer plusieurs types d’accompagnement de la communauté ecclésiale.

Exemple de la charte proposée par le diocèse de Créteil

Téléchargez la charte

Vous êtes appelés à rejoindre l’équipe de préparation au mariage de votre paroisse ou de votre secteur. Votre mission est d’accompagner des couples dans leur projet de mariage catholique.
Dans la foi au Christ, le chemin emprunté avec eux doit les aider à discerner leur engagement et leur donner goût à une vie en Église qui se poursuit toute la vie.

Pour répondre à cet appel, ayez à cœur de vous former aux dimensions humaine et spirituelle du mariage: en vous appuyant sur les enseignements de l’Église catholique, notamment l’exhortation post-synodale du pape François Amoris Laetitia ; en étant attentifs aux informations et orientations de la pastorale du mariage du diocèse comme les « Repères pour préparer et célébrer le mariage », la « Grille de relecture à l’attention des acteurs pastoraux », etc. ... ; et en participant aux formations proposées.

Vous êtes aussi invités à favoriser l’établissement de liens entre les futurs mariés, les chrétiens de leur paroisse et du diocèse lors de célébrations et de rencontres organisées par ces communautés.

Vous pouvez compter sur le soutien de l’équipe diocésaine de la pastorale du mariage par sa prière, par les temps de ressourcement et de formation, par sa disponibilité pour vous rencontrer, dialoguer, réfléchir et partager avec vous joies et difficultés.

En relisant le chemin de croissance vécu dans votre couple par la grâce du sacrement de mariage, vous êtes d’abord témoin de l’action de Dieu dans votre vie ; témoin aussi du Christ rencontré dans la prière nourrie par la Parole de Dieu, prière personnelle, vécue en couple, en famille, en équipe, et avec les futurs mariés.

Avec l’aide du Seigneur, que ce service soit source de vie, de joie et d’équilibre pour vous et votre couple et que vous puissiez ainsi déployer les grâces du sacrement de mariage.