Le mariage chrétien
à l’heure
d’Amoris laetitia
Les repères du Rituel

LA BÉNÉDICTION NUPTIALE

Introduction

La bénédiction nuptiale s’insère dans un ensemble rituel qui comprend un dialogue initial précisant les conditions d’un mariage chrétien, l’échange des consentements « reçu » par le ministre ordonné, la bénédiction et la remise des anneaux. Puis le ministre ordonné prononce sur les époux agenouillés, ou debout devant l’autel, la bénédiction nuptiale. Le Rituel précise que pour deux époux baptisés, « le prêtre ou le diacre, debout et tourné vers l’épouse et l’époux, appelle sur eux la bénédiction de Dieu. Ce rite n’est jamais omis » (n°176). Fiche 6.

La bénédiction nuptiale est un élément majeur de la célébration du sacrement

Lors de la préparation au mariage, il est indispensable d’en faire mesurer toute la portée aux futurs époux. Hélène Bricout rappelle que « comme tous les sacrements, celui du mariage est un don de Dieu pour la croissance humaine et spirituelle de ceux qu’il touche. Il est reçu comme un don de Dieu. Dès lors, dire qu’on se le donne ou se l’échange risque d’occulter ce triple aspect du mariage : un appel, une consécration, et un envoi en mission qui viennent d’un Autre. Personne ne peut se conférer à l’Esprit Saint ni s’envoyer en mission, ni deux personnes le faire mutuellement. C’est ensemble que les époux reçoivent l’Esprit Saint pour coopérer avec lui en vue d’une mission commune. La médiation de l’Église, par la personne du ministre, garantit que la mission des époux est bien une mission d’Église, qui vient de Dieu et qui s’inscrit dans la dynamique baptismale vécue et assumée en couple. » Les époux restent responsables de leur engagement et la bénédiction ne peut être donnée sans l’engagement des époux : ils ont la responsabilité de collaborer avec l’Esprit Saint pour faire fructifier la bénédiction qu’ils ont reçue, en mettant leurs charismes au service d’un projet d’amour.

Ce que dit le rituel

Le Rituel Pour approfondir le Rituel
Les époux viennent devant l’autel et se tiennent debout, ou, selon l’opportunité, restent à leur place et s’agenouillent » (n°176) « puis le prêtre ou le diacre, étendant les mains au-dessus des époux. » (n°177) Le déplacement vers l’autel, éventuellement l’agenouillement, manifeste le désir des époux de demander à Dieu sa grâce. Ils montrent aussi qu’ils acceptent de se laisser déplacer, de recevoir un don qui vient de Dieu.
Alors le prêtre ou le diacre, les mains jointes, poursuit :

« Et maintenant appelons sur ces époux la bénédiction de notre Dieu : il leur a fait la grâce du sacrement (14), que lui-même la renouvelle sans cesse dans son amour. »
Le ministre insiste ici sur le chemin de croissance que les époux sont amenés à vivre avec l’aide de la grâce du Christ.
Tous prient quelques instants en silence. L’assemblée, invitée à prier, n’est pas spectatrice mais participe réellement à la célébration.
Puis le prêtre ou le diacre, étendant les mains au-dessus des époux, continue… Le geste du ministre ordonné par son ampleur signifie l’effusion de l’Esprit et le don de sa grâce.


… en choisissant une des six formules de bénédiction :

Les 1 (n°117) et 4 (n°118) sont spécialement prévues pour les mariages célébrés au cours de la messe. La bénédiction n°4 parle explicitement du corps et du sang du Christ que les époux vont recevoir.

La 2 (n°177) est reprise dans la célébration en dehors de la messe ; elle fait référence à l’Ancien Testament et relie le mariage à l’ordre de la création. Puis après invocation à l’Esprit, elle reprend les missions qui incombent aux époux chrétiens avec une attention particulière à la nouvelle mariée : « toute paix et tendresse, qu’elle se conduise comme les saintes femmes dont l’Ecriture fait l’éloge. Que son époux lui donne sa confiance, en reconnaissant qu’elle est son égale … ».

La 3 (n°222) appelle la force de l’Esprit pour une vie chrétienne simple, caractérisée par la recherche du bonheur, de la droiture, dans la joie, la tristesse, le travail, l’épreuve… Aussi utilisée pour deux baptisés, elle convient bien, avec quelques adaptations, pour la célébration entre un(e) catholique et un(e) partie catéchumène ou non chrétienne (15).

La 5 (n°288) peut être utilisée pour un mariage avec un(e) baptisée non catholique. « L’exemple du Christ, lui qui a aimé jusqu’à mourir sur une croix », témoin « du don total à celui qu’on aime » y est central. Cette bénédiction est analysée dans le paragraphe suivant.

La 6 (n°289) est une proposition française. Elle est de forme trinitaire et convient surtout pour des époux prêts à exprimer leur foi et à œuvrer dans l’Église. Elle est ponctuée par un refrain qui favorise la participation de l’assemblée : « Béni sois-tu, Seigneur, ton amour fait pour nous des merveilles. »
Structure de la bénédiction nuptiale :

Invocation à Dieu le Père et mémoire des bienfaits de Dieu : « tout puissant », « qui a créé toutes choses » (n°177), « créateur de l’univers et de tout ce qui vit, tu as fait l’homme et la femme à ta ressemblance pour qu’ils soient associés à ton œuvre d’amour» (n°288), « source de tout amour » (n°289).

Appel sur les mariés
Invocation à l’Esprit Saint (épiclèse) : « que la force de l’Esprit saint les enflamme de ton amour » (n°222), « envoie sur eux ton esprit et comble-les de tes bienfaits » (n°289).

Pour une mission humaine et chrétienne avec
Construction permanente du couple : à l’épouse « que son époux lui donne sa confiance (…) qu’il la respecte et l’aime toujours (…) qu’ils se gardent fidèles » (n°177) aux époux, « qu’ils cherchent à s’aimer chaque jour davantage » (n°288), « qu’ils connaissent de longues années de bonheur et se soutiennent dans les épreuves » et « que leur foyer grandisse dans le respect, l’écoute et le pardon mutuel » (n°289).

Accueil et accompagnement de la vie : « qu’ils se conduisent en parents justes et bons » (n°177).
223. Si, en raison des circonstances, la bénédiction nuptiale est omise, on prononce sur les époux la prière suivante :

Sois favorable à nos prières, Seigneur, Veille avec bonté sur le mariage que tu as établi pour la vie et la croissance du genre humain : Que ta grâce daigne conserver Ce qui tient de toi son origine.
C’est le même texte que la 5ème prière d’ouverture, il est utilisé seulement dans le cas d’un mariage avec un non baptisé.
Chaque bénédiction se conclut…
« Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. »






R. Amen
Chant de louange
La dimension christologique de la bénédiction rappelle une fois encore que, par le mariage, ceux qui sont baptisés s’engagent à vivre à la suite du Christ, avec l’espérance que par Lui nous sommes sauvés.

En recevant la bénédiction, les conjoints « assume[nt] le mariage comme un chemin de maturation, où chacun des conjoints est un instrument de Dieu pour faire grandir l’autre » (AL 221).

L’amen conclusif peut être vu (comme le chant de louange) comme une ratification par l’assemblée et l’expression de sa joie.

Située après l’échange des consentements, la bénédiction situe Dieu comme acteur du sacrement. Elle prend une dimension consécratoire, c’est-à-dire qu’elle demande la sanctification des personnes.
Héritière de la tradition biblique, l’Église a repris à son compte les rites de bénédiction, non pas comme un acte magique ou protecteur, mais bien comme un acte de louange à Dieu et d’intercession.

Le sacrement de mariage est un don reçu de Dieu, une consécration par l’Esprit et un envoi en mission. Cela explique l’importance de la médiation ecclésiale (les époux ne peuvent pas s’envoyer en mission ni se conférer le Saint-Esprit), et l’importance de la bénédiction qui vient « confirmer » (on pourrait dire « achever ») le projet spirituel que l’indispensable consentement conjugal a inauguré.

La communauté ecclésiale aura un rôle clé d’accompagnement ou de témoignage. Elle sait la puissance du don sur lequel les époux pourront s’appuyer tout au long de leur vie car immanquablement « l’histoire d’une famille est jalonnée de crises en tout genre, qui font partie de sa dramatique beauté. (…) Chaque crise implique un apprentissage qui permet d’accroître l’intensité de la vie partagée, ou au moins de trouver un nouveau sens à l’expérience matrimoniale. » (AL 232) Quels que soient les conflits, les épreuves, il est possible de retrouver l’espérance et de refaire le choix de s’aimer.

Le cas particulier de la 5ème bénédiction nuptiale.
Pistes pour une réflexion en couple et en équipes

Le Rituel Pour approfondir le Rituel
Seigneur notre Dieu, créateur de l’univers et de tout ce qui vit, tu as fait l’homme et la femme à ta ressemblance ; et pour qu’ils soient associés à ton œuvre d’amour, tu leur as donné un cœur capable d’aimer. Dans votre amour conjugal, avez-vous l’impression que quelque chose vous dépasse ? Dans quelle(s) situation(s) ?
Quel rapport voyez-vous entre votre amour et Dieu ?
Savez-vous en quoi croit votre conjoint ?
Tu as voulu qu’aujourd’hui, dans cette Église, N. et N. unissent leur vie. Comment nourrissez-vous votre unité ?
Quelles sont les situations où vous percevez des limites, des fragilités dans votre couple ?
Qu’est-ce qui fortifie votre couple ?
Voyez-vous votre vie de couple comme un appel de Dieu ? comme une collaboration avec Dieu ?
De quelle manière ?
Tu veux maintenant qu’ils construisent leur foyer, qu’ils cherchent à s’aimer chaque jour davantage, et suivent l’exemple du Christ, lui qui a aimé jusqu’à mourir sur une croix. Quelles sont les qualités, compétences, ressources de votre conjoint ? Pouvez-vous écrire les qualités de votre conjoint que vous appréciez ? Vous souvenez-vous d’une situation où vous avez particulièrement apprécié une de ses qualités ? Selon quel idéal est-ce que vous vivez votre couple ? Cet idéal a-t-il évolué depuis votre rencontre ? Ce que vous connaissez du Christ vous aide-t-il à vivre votre couple ? Peut-on « s’aimer chaque jour davantage » ? Si oui, comment ?
De quelle manière ?
Bénis, protège et fortifie l’amour de ces nouveaux époux : que leur amour soutienne leur fidélité ; qu’il les rende heureux et leur fasse découvrir dans le Christ la joie du don total à celui que l’on aime. Avez-vous le sentiment de vous donner totalement à votre conjoint ? Quelle progression avez-vous pu remarquer à ce propos ? Pouvez-vous repérer des moments où cela a été plus facile, et d’autres où cela a été plus difficile ?
Qu’est-ce qui vous rend heureux (se) dans votre couple ?
Comment le « don total » se vit-il dans la dimension affective et sexuelle de votre vie de couple ? Pouvez-vous progresser, et comment ? Pensez-vous développer un dialogue conjugal, sans faux-fuyant et à contre-courant des médias, en discutant des difficultés possibles de la vie sexuelle ?
Que leur amour, semblable à ton amour, Seigneur, devienne une source de vie ; Quelles valeurs sont pour vous structurantes pour l’éducation de vos enfants ?
Si vous êtes déjà parents, vous sentez-vous « en phase » pour éduquer vos enfants ? Dans quelles situations, ou pour quels sujets, avez-vous des divergences ?
Avez-vous l’impression que la foi chrétienne peut aider dans l’éducation de vos enfants ? La transmission de la foi est-elle importante pour vous ? Si oui, comment l’envisagez-vous ?
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Qu’il les garde attentifs aux appels de leurs frères, et que leur foyer soit ouvert aux autres. En s’appuyant sur leur amour, avec la force de l’Esprit, qu’ils prennent une part active à la construction d’un monde plus juste et fraternel, et soient ainsi fidèles à leur vocation humaine et chrétienne. Quand, comment, vous sentez-vous « attentifs aux appels de (vos) frères » ?
De quelle manière, comme couple, prenez-vous « une part active à la construction d’un monde plus juste et fraternel » (famille, engagements, activités, relations sociales et professionnelles) ?
Quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ?
Souhaiteriez-vous prier en couple ? Si oui, et si non, pourquoi ?
Connaissez-vous la place de la prière dans la vie de votre conjoint ?
À quelles occasions vous posez-vous des questions existentielles ? Lesquelles ? Aimeriez-vous les faire avancer ?
Comment percevez-vous la place de l’Esprit Saint dans votre mariage ?

En prenant le temps de réfléchir à ces questions (et d’autres, éventuellement, suscitées par la lecture des bénédictions nuptiales), les accompagnateurs pourront mettre des mots sur leur expérience sacramentelle et être mieux à même de rendre compte de la manière dont ils vivent concrètement le sacrement.

Quelques questions...

  • Qu’avez-vous découvert de la bénédiction nuptiale ? En quoi diffère-t-elle d’autres bénédictions que vous connaissez ?
  • À quel(s) signe(s) de la présence de l’Esprit Saint (en lien avec le Père et le Fils) êtes-vous attentifs dans votre vie de couple ?
  • Comment parleriez-vous de l’Esprit Saint à des fiancés ?
  • Comment comprenez-vous - à travers la bénédiction nuptiale - le lien entre le mariage et l’eucharistie ?