Le mariage chrétien
à l’heure
d’Amoris laetitia
Les repères du Rituel

RÉCAPITULATION DE LA CÉLÉBRATION

Objectif

Cette fiche permet d’avoir une vue générale de la célébration. La célébration du mariage ou encore la liturgie, décrite dans le Rituel du mariage, nous fait plonger dans la foi de l’Église et nous fait comprendre le sens profond du mariage chrétien.

Il est intéressant de proposer aux futurs mariés durant la préparation du mariage une visite d’une église pour les aider à mieux comprendre la célébration et entrer ainsi dans le mystère chrétien que révèlent les lieux, la disposition de l’espace, les œuvres d’art, le mobilier liturgique...

Accueillir les futurs époux et tenir compte de leur expérience humaine amènent le célébrant à considérer la question de la personnalisation de la célébration. Le Rituel offre plusieurs « espaces d’adaptation » : oraisons, lectures, échanges de consentement, bénédictions nuptiales et finales et les futurs époux peuvent participer au choix de ces éléments au cours d’un dialogue pastoral. De la même manière, le couple peut être guidé pour la sélection de la musique et des chants.
Enfin, bien préparées, la monition d’accueil, l’homélie, la prière des époux et la prière universelle contribueront à donner à la cérémonie un caractère personnel sans perdre la dimension ecclésiale de l’évènement. L’ensemble est à bâtir avec discernement afin de garder l’esprit et la structure de la liturgie centrée sur le Christ.

Pour un mariage à l’église, le Rituel propose trois formes rituelles

Les notes préliminaires du Rituel précisent que « le mariage sera célébré ordinairement au cours de la messe. Cependant, le curé, compte-tenu des nécessités pastorales et du degré de participation à la vie de l’Église des futurs époux ou des personnes présentes » (Rituel n°29) détermine ce qui convient.

Un itinéraire de foi à vivre : La célébration du mariage - dans sa construction (en quatre temps) et dans les gestes et déplacements proposés aux futurs mariés - rend compte d’un itinéraire de foi à vivre chaque jour. Les rites seront conduits avec sobriété, « une noble simplicité » (16), pour ouvrir les cœurs et « placer l’amour au-dessus de tout, les agents pastoraux et la communauté entière peuvent aider à ce que cette priorité devienne la norme et ne soit plus l’exception » (AL 212).

Par souci de simplicité et parce que c’est la forme la plus fréquente,
nous présentons la célébration en dehors de la messe pour deux baptisés.

Pour permettre à leurs proches de mieux suivre le déroulement de la célébration, les fiancés pourront préparer un livret, y noter les points essentiels du déroulement, les chants et éventuellement quelques prières.

1er temps - L’ouverture de la célébration : une convocation

L’accueil et l’ouverture de la célébration sont détaillés dans la Fiche 1.

Par la célébration de leur mariage, les futurs époux appellent leurs proches à se rassembler autour d’eux pour entendre la Bonne Nouvelle qui leur est adressée et célébrer le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes et femmes d’aujourd’hui.

Le rite d’ouverture permet de constituer l’assemblée et d’instaurer un climat de recueillement. La valeur de l’amour humain est reconnue mais en dépendance et en relation avec Dieu, source de l’amour. Si un chant ou une musique ont rassemblé les personnes présentes dans une belle unité, il convient aussi de préserver des temps de silence.

2ème temps - La liturgie de la Parole

La liturgie de la Parole est décrite dans la Fiche 2.

Avant d’échanger leur parole, les futurs époux vont écouter l’appel de Dieu à entrer dans son amour.

Par l’écoute de la parole de Dieu le couple et l’assemblée s’inscrivent dans une Tradition commune et peuvent ainsi préparer leur cœur avant d’entrer spirituellement dans la célébration du sacrement. « L’assemblée n’est vraiment le signe de l’union du Christ et de l’Église que si elle se laisse façonner par la Parole qui est non seulement un enseignement, mais qui est bien plutôt un don de l’Esprit Saint offert à chacun en vue de devenir témoins et de vivre du mystère que la liturgie célèbre ». (17)

La liturgie de la Parole fait comprendre que chaque mariage prend place dans l’histoire du salut de l’humanité, que le Christ vivant - qui montre la révélation du don de soi par amour - est présent dans la vie de ceux qui s’engagent ; elle les appelle à vivre en disciple du Christ et compte sur eux pour participer à sa mission de répandre l’amour de Dieu dans le monde.

3ème temps - La célébration du mariage – Ce que dit le Rituel

Eclairés et nourris par la Parole de Dieu, les fiancés vont se donner l’un à l’autre pour toujours, en Dieu, par l’échange des consentements et le don des alliances. Le prêtre (ou le diacre) va invoquer le Père afin qu’il donne aux époux son Esprit et sa force pour consacrer leur union et les aider à réaliser leur projet. Deux temps essentiels, le dialogue initial qui reprend « les piliers du mariage » et la bénédiction nuptiale, sont décrits respectivement dans les Fiches 3 et 4.

Le Rituel Au couple qui se marie Aux équipes de préparation au mariage
Profession de foi, si cela convient (n°156), les différentes formes étant reprises en annexe II du Rituel. Le rite commence par la possibilité d’exprimer la foi de l’Église, une foi trinitaire en Dieu Père, source de tout amour, en Jésus, vrai homme et Fils de Dieu et en l’Esprit Saint, présence de Dieu en chacun de nous.

C’est l’occasion de relire ce texte et de faire le point sur notre foi, la joie et les difficultés que nous y trouvons.
Pour mieux enraciner le mariage dans la foi au Christ, l’échange des consentements peut être précédé de la proclamation de la foi de l’Église.

Choisir cette option facultative a du sens quand les fiancés adhèrent tous deux à la foi chrétienne et que le mariage a été l’occasion de revisiter leur baptême. Il est bon aussi que les fiancés se sentent entourés par une assemblée en mesure de reprendre avec eux ces paroles de foi.

Les sacrements supposent la foi et la nourrissent. On trouvera dans le Rituel en annexe II (nn. 279-283) trois formes proposées. Réfléchir avec les fiancés aux textes peut permettre aux futurs conjoints d’identifier leurs résistances, difficultés et consonances avec la foi de l’Église, d’échanger avec eux et de témoigner.
Après la profession de foi, le Rituel fait entrer dans les rites du mariage proprement dits. L’invitation des témoins à s’avancer auprès du couple, le rapprochement de celui qui préside ne doivent pas donner l’impression d’un recentrement sur le couple, sans lien avec l’assemblée.
DIALOGUE INITIAL AVEC LES FUTURS ÉPOUX.Fiche 3
L’ECHANGE DES CONSENTEMENTS
Invitation à échanger les consentements
« en présence de Dieu et de l’Église » (n°160, 161 et 163, n°170) ou « devant tous ceux qui sont ici réunis » (n°162).
L’échange des consentements vient exprimer la réponse des époux à l’appel entendu dans la proclamation de la Parole. C’est un acte public et l’assemblée liturgique représente l’Église qui vous accompagne. L’échange des consentements « en présence de Dieu et de son Église » engage la responsabilité des époux dans leur décision de « créer une communauté de toute la vie ».

Le ministre ordonné fait un geste de la main droite, étendue en direction des époux ou posée sur leurs mains jointes.
Échange des consentements par les futurs époux.

Quatre formules sont proposées
(n°165, 166, 167 et 168), les trois premières sous la forme d’un dialogue entre époux : « Moi, N., je te reçois N., comme époux (se) et je te promets de te rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et la maladie, pour t’aimer tous les jours de ma vie. » (n°165)

La dernière formule (n°168) est recommandée « si les futurs époux éprouvent de réelles difficultés à [les] prononcer (…) ou pour d’autres raisons pastorales ». Elle interroge les futurs époux sous la forme d’une question fermée à laquelle chacun doit acquiescer.
Pour échanger votre consentement, vous vous donnez la main, une manière de montrer que votre engagement passe par le geste autant que la parole. C’est aussi un geste d’union et d’amour.
Cette parole dite individuellement est l’engagement, libre, à être fidèle à l’autre, chaque jour, quoiqu’il advienne (épreuve, maladie). L’expression « je te reçois » exprime bien la réalité du don qui se vit dans le mariage et qui appelle le par-don.

« Ces paroles ne peuvent pas être réduites au présent ; elles impliquent une totalité qui inclut l’avenir : « jusqu’à ce que la mort les sépare ». Le sens du consentement montre que « la liberté et la fidélité ne s’opposent […] pas l’une à l’autre, elles se soutiennent même réciproquement.[…] L’honneur à la parole donnée, la fidélité à la promesse, ne peuvent ni s’acheter ni se vendre. On ne peut pas obliger par la force mais pas davantage protéger sans sacrifice. » (AL214)
Le consentement est la réponse des fiancés à l’appel que la liturgie de la Parole a fait entendre, appel à suivre le Christ dans le mariage. Il récapitule un long chemin de discernement – indispensable (cf. AL 209 et 210)- sur le projet commun, les risques et les chances, les fragilités et les ressources.

Le oui prononcé devient parole de vie, source de joie et d’action de grâce pour toutes les personnes présentes.

Une bonne sonorisation est un élément clé de la célébration.

« Le oui qu’ils ont échangé est le début d’un itinéraire (…). La bénédiction reçue est une grâce et une impulsion pour ce parcours toujours ouvert. » (AL 218)

En inscrivant l’alliance des époux dans l’Alliance de Dieu avec l’humanité, le mariage ouvre les époux à une perspective nouvelle, celle d’une mystérieuse présence de l’un à l’autre dont l’alliance portée signifie la permanence.
Réception des consentements
« Ce consentement que vous venez d’exprimer, en présence de l’Église, que le Seigneur le confirme, et qu’il vous comble de sa bénédiction. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (n°170)
Votre consentement demandera d’être travaillé tous les jours. Votre unité est un don de Dieu autant qu’une tâche à réaliser. Alors que la privatisation du mariage est une tentation actuelle, la présence du ministre ordonné qui reçoit les consentements et de l’assemblée contribuent à faire du mariage un événement ecclésial, un acte qui commémore et manifeste le don que Dieu fait aux époux.
Bénédiction et remise des alliances
« Si c’est opportun, il (le ministre ordonné) asperge d’eau bénite les alliances » (n°87-174) avant de les remettre aux époux. Il choisit une parmi les quatre formules proposées (n°71). 1. « Que le Seigneur bénisse les alliances que vous allez vous donner en signe d’amour et de fidélité. » La dimension humaine peut aussi être rappelée : 3. « (…) qu’elles soient le rappel de leur tendresse. » (n°173)
La promesse que vous avez échangée est une décision. Les alliances sont signes visibles de cet engagement qui s’inscrit dans l’Amour de Dieu. La possibilité d’asperger les alliances d’eau bénite éclaire le rapport du baptême avec le mariage qui est déploiement de la vie baptismale.

Pour le signifier, on pourrait demander aux futurs époux d’aller au baptistère soit en entrant dans l’église pour se signer, soit au moment des alliances pour y chercher l’eau qui servira à les bénir.
L’époux passe à l’annulaire l’alliance qui lui est destinée en disant : « N., reçois cette alliance, signe de mon amour et de ma fidélité. (Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.) » (n°175) En ajoutant « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit », vous inscrivez votre fidélité en relation avec celle de Dieu ; vous êtes prêts à en être des témoins.
L’échange des consentements, sa réception, la bénédiction et l’échange des alliances, la bénédiction nuptiale et la prière des époux forment le cœur de la célébration.
C’est un moment d’intériorité pour lequel il faut préserver le silence et calmer la frénésie photographique. Un rappel sympathique peut-être adressé aux photographes en début de célébration pour éviter agacement, malaise ou frustration.

L’échange des consentements et la bénédiction nuptiale sont deux actes théologiquement inséparables.
BÉNÉDICTION NUPTIALE Fiche 4
Chant de louange Un chant de louange exprime la joie de toute l’assemblée élargie à l’Église. Les époux avec l’assemblée rendent grâce pour le don de Dieu.
Après la bénédiction nuptiale, le ministre invite l’assemblée à la prière. Avec leur projet de vie, les mariés s’engagent sur un chemin difficile et le don que Dieu leur offre est à travailler. Aussi, même s’il est sincère, l’amour des époux est fragile et l’Église par sa prière (intercession, prière liturgique) les aide à trouver en Jésus-Christ la force de la persévérance et du pardon.
Prière des époux
« Les époux qui le souhaitent expriment ici leur prière » (n°179) (n°180, 181 et 182).
Le Rituel propose des exemples de prière mais vous pouvez aussi composer une prière personnelle, notamment à partir de votre projet de vie (déclaration d’intention).

Les époux peuvent se déplacer devant l’autel pour leur prière personnelle.
Même si le Rituel la rend facultative, cette prière a une place importante car elle est réponse des époux à Dieu au don de sa grâce. Sans échange, il n’y a ni vie de couple, ni vie sociale, ni vie spirituelle. Inviter les époux à écrire - avec leurs mots - une action de grâce, c’est les faire entrer dans une démarche d’échange avec Dieu. On peut proposer tout au long du parcours un apprentissage des attitudes et formes de prière pour qu’à ce moment précis de la célébration, ils puissent en vérité entrer dans un dialogue avec Dieu.
Prière universelle

Annexe IV p.134.
La prière universelle étend la prière aux époux, leur famille, l’Église, le monde. On peut prier pour des intentions personnelles, évoquer des personnes absentes ou décédées, exprimer une demande ou un merci.



Temps de silence puis refrain chanté peuvent ponctuer les intentions de prière universelle.
Un sacrement n’intéresse pas uniquement ceux qui le reçoivent mais s’ouvre à l’universel. Avec l’apôtre Paul, nous invitons le couple à élargir leur prière non seulement aux proches et amis mais à l’ensemble de l’humanité : « J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » (1 Tim2, 1-4)

L’assemblée liturgique par sa participation à ces prières montre que l’Église s’engage (nous nous engageons) définitivement auprès de ce nouveau couple.
Prière du notre Père
La prière du Notre Père est la grande prière des chrétiens. C’est de Jésus que nous la recevons, qui a vécu la quintessence de la relation au Père.



Pour la prière du Notre Père on peut proposer à tous d’élever les mains en signe de louange ou de se tenir la main.
Il serait intéressant lors de la préparation de prendre le temps de découvrir quelques aspects essentiels de cette prière :
- une première partie avec trois louanges centrées sur Dieu : ton nom, ton règne, ta volonté ;
- une deuxième partie avec trois demandes pour aujourd’hui et les derniers temps : « notre pain »,
« nos offenses », « délivre-nous ».

La prière du Notre Père unit les chrétiens au Christ qui par le baptême a fait de nous des enfants de Dieu. C’est la prière de l’Église et même si certains ne connaissent pas les mots, c’est la richesse intérieure, l’ouverture du cœur qui laissera résonner les paroles que d’autres prononcent.

4ème temps – La conclusion de la célébration et envoi

Les rites d’envoi décrits dans la Fiche 5 récapitulent les dons que les époux ont reçus et encouragent à mettre en œuvre les promesses de la célébration du mariage. Les époux ont reçu la bénédiction, signé les registres. Ils sont prêts à remonter l’allée centrale de l’église. Ils sont encouragés sur le parvis par tous pour vivre leur amour dans le monde.
« Chaque mariage est une « histoire de salut » et cela suppose qu’on part d’une fragilité qui, grâce au don de Dieu et à une réponse créative et généreuse, fait progressivement place à une réalité plus solide et plus belle. » (AL 221)

Quelques questions...

  • Analysez le parcours proposé au couple de la procession d’entrée à celle de la sortie (déplacements physiques, progression de l’engagement).
    En quoi ce parcours peut-il symboliser leur vie chrétienne ?
  • Quelles différences voyez-vous entre l’engagement du mariage civil et l’échange des consentements pendant la célébration du mariage ?
  • Quels sont les rites, les moments essentiels de la célébration ?
  • Comment préparez-vous les fiancés à exprimer une prière personnelle ? Comment les faire entrer dans une démarche de relation personnelle au Seigneur ?
  • Relevez les gestes et attitudes qui favorisent la prière, puis ceux qui permettent la participation active de tous à la célébration.
  • Concernant le déroulement de la célébration, le Rituel offre des « espaces d’adaptation » : le choix des lectures, des chants, des témoins, les mots de la prière des époux et de la prière universelle, la disposition etc. Comment ces espaces d’adaptation nous permettent-ils de dialoguer avec les fiancés, de les aider à relire leur parcours, à exprimer leur projet, à découvrir la « bonne nouvelle de la famille » ?